Deux associations interpellent les candidats aux législatives de la
2ème circonscription du Lot sur les réponses à apporter aux citoyens en matière
de prise en charge de leur santé sur le territoire.
ANTOINE LOREDO ET JEANINE AUBRUN REPRÉSENTENT L’UDI SUR LA
2DE CIRCONSCRIPTION DU LOT. ILS NOUS ONT RÉPONDU.
L’ATTRACTIVITÉ MÉDICALE
Q1- Les villes de plus de 100 000 habitants offrent aux
médecins un éventail de «possibles» tant au niveau professionnel que personnel.
Des mesures existent pour inciter les généralistes à s’implanter sur les
territoires sous dotés mais elles sont apparemment insuffisantes. De nouvelles
dispositions seraient-elles nécessaires et lesquelles ?
L’aggravation des déserts médicaux est un mal qui frappe tout
le territoire. Notre département et notre circonscription sont tout
particulièrement concernés par cette problématique. Pour y remédier, il est
indispensable de prendre des décisions permettant d’améliorer la répartition
des professionnelles et professionnels de santé sur le territoire. Dans cette
perspective, nous devons anticiper les effets du vieillissement de la
population médicale. Nous devons également tenir compte de l’évolution des
aspirations des jeunes professionnelles et professionnels de santé en termes de
conditions de vie et de travail. Elle induit une diminution du temps médical
alors que la demande de soins de la population et son niveau d’exigence
augmentent.
Je souhaite en premier lieu porter une réforme des études de
médecine, afin de mettre en place une gestion régionalisée. Dans ce cadre, la
hausse globale du numerus clausus doit s’accompagner d’une meilleure prise en
compte les besoins de santé de chaque territoire dans la fixation et la
répartition du numerus clausus. Je veux par conséquent renforcer le caractère
obligatoire de la prise en compte des besoins de santé dans la fixation du
numerus clausus et réaffirmer, avec force contraignante, la nécessité que sa
fixation et sa répartition contribuent pleinement à la résorption des
inégalités en matière d’accès aux soins. Je veux également substituer aux
épreuves classantes nationales, qui ont montré leurs limites, des épreuves
classantes régionales. Elles seraient ouvertes uniquement aux étudiantes et aux
étudiants ayant validé leur deuxième cycle d’études médicales dans la même
région. Cette mesure favoriserait leur enracinement dans la région dans
laquelle ils auront effectué l’ensemble de leurs études médicales. Enfin,
j’estime que les études de médecine ne permettent pas suffisamment, sauf
exception, aux étudiants de découvrir la pratique de la médecine de premier
recours, ancrée dans des territoires. Je propose par conséquent d’instaurer, au
cours de la troisième année du troisième cycle des études médicales, une
obligation d’effectuer un stage pratique d’au moins douze mois dans une maison
de santé pluridisciplinaire ou un établissement de santé implanté dans une zone
frappée par la désertification médicale.
Cette réforme structurelle ne produirait d’effets qu’à long
terme. Il est par conséquent essentiel qu’elle s’accompagne de mesures dont la
portée serait immédiate. Je soutiendrai le développement des maisons de santé,
en faisant en sorte que les aides financières et logistiques soient augmentées
pour les territoires les plus en difficulté. Je suis en effet persuadé que les
professionnelles et les professionnels de santé, et plus particulièrement les
nouvelles générations, attendent de nouveaux modes d'organisation et d'exercice
leur redonnant du temps médical, leur permettant plus de souplesse et
d’efficacité, et leur apportant une réponse aux problèmes de structures, de
moyens techniques et administratifs.
Les multiples tentatives des majorités successives pour
instaurer des mécanismes de régulation susceptibles d’influer directement sur
l’installation des professionnelles et des professionnels de santé ont produit
des résultats insuffisants, qu’il s’agisse de dispositifs mis en place par
l’État, par les collectivités territoriales ou par l’assurance-maladie. Il est
impératif de refondre ces dispositifs de soutien pour améliorer leur
efficacité. La priorité doit être donnée aux territoires et aux populations les
plus fragiles, pour lesquels il pourrait être créé un service public permettant
d’améliorer l’accès aux soins, avec l’implantation de médecins salariés par
l’Etat. Il faut également favoriser les expérimentations autour des Nouveaux
Modes de Rémunération, pour permettre aux médecins qui s’engagent contre les
déserts médicaux d’être mieux rémunérés, ce que ne permet pas la rémunération à
l’acte.
Enfin, le développement du Très Haut Débit et l’amélioration
de la couverture numérique du territoire doivent permettre le développement de
la télémédecine, qui permettra aux médecins généralistes de faire des
diagnostics à distance et de s’appuyer sur l’expertise de médecins
spécialistes.
LES SPÉCIALISTES
Q2- Le manque de spécialistes hospitaliers et
libéraux est criant sur tout l’hexagone et encore plus sur un territoire comme
le nôtre : ophtalmo, gynéco, dermato, psychiatre, rhumato, etc. Les distances à
plus de 30 km et les délais de rv à plus de 3 mois se traduisent par un
renoncement aux soins sur le nord du Lot. Quelles solutions prônez-vous pour
améliorer significativement cette situation ?
Cette situation est proprement inacceptable car elle induit
une inégalité grave entre les territoires et les populations. Le quinquennat
qui vient de s’achever n’a malheureusement pas permis de prendre de mesures véritablement
efficaces en la matière.
Pour réduire les délais d’attente et lutter ainsi contre le
renoncement aux soins, il faut en premier lieu redonner du temps médical aux
spécialistes et redonner la priorité aux soins, diminuer drastiquement leurs
contraintes administratives. Il s’agit d’une demande claire de leur part.
Je souhaite également lutter contre l’éloignement et
l’isolement et rapprocher les professionnelles et professionnels de santé de la
population, en développant les maisons médicales et les structures d’urgences
pour les premiers soins, et en facilitant la mobilité et la coopération entre
spécialistes et entre structures.
A cet égard, je prônerai une coordination plus étroite entre
tous les acteurs de la santé du territoire, dans laquelle la médecine libérale
aura toute sa place. Elle participera ainsi à l’organisation de la prise en
charge sur tout le territoire, en lien notamment avec l’hôpital et les Centres
d'Action Sociale.
Enfin, comme je l’ai indiqué, il est indispensable de
réformer profondément la formation et pour de l’adapter aux besoins des
territoires pour lutter contre la pénurie de professionnelles et professionnels
de santé.
LES PETITS HÔPITAUX
Q3- Nous sommes en territoire semi-rural doté de 3 hôpitaux
de taille moyenne : Gourdon, St-Céré, Figeac. Les petits hôpitaux ont de
grosses difficultés à fonctionner et à recruter. Que préconisez-vous pour assurer
leur rôle au sein des territoires ?
Pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle, nos hôpitaux
doivent inscrire leur action dans une action concertée avec l’ensemble des
acteurs de santé du territoire.
La création des Groupements Hospitaliers de Territoires a
constitué une avancée indéniable. Le Groupement Hospitalier de Territoire qui a
été créé dans le Lot en 2016 doit, à terme, permettre un renforcement de la
coopération entres les centres hospitaliers de Cahors, de Figeac, de
Saint-Céré, de Gramat et de Gourdon. Je pense plus particulièrement à une
mutualisation des systèmes d’information médicale, de la formation initiale ou
de fonctions support telles que les achats, et des exigences communes en
matière de qualité et de sécurité des soins.
Il faut maintenant préserver et amplifier ce mouvement en
affinant la stratégie de prise en charge partagée et le projet médical commun.
Je souhaite également que ces groupements s’ouvrent à l’ensemble des acteurs de
santé du territoire, et plus particulièrement aux cliniques privées et aux
professionnelles et professionnels libéraux, afin de faciliter ainsi la
coopération au service des patientes et des patients.
LES MATERNITÉS
Q4- La surveillance et la sécurité des
grossesses sur un territoire comme le nord du Lot pâtissent de la disparition
des petites maternités et de l’absence de gynécologues-obstétriciens. Sur le
sujet, proposez-vous un plan santé valorisant des solutions de proximité et
lesquelles ?
Je souhaite que les maisons de naissance, dont
l’expérimentation a été permise en 2013, soient multipliées sur le territoire.
Ces maisons de naissance permettraient aux femmes dont la grossesse présente un
faible niveau de risque d’accoucher dans un endroit à dimension humaine, dans lequel
officient des sages-femmes. Il s’agit d’une alternative à l'hospitalisation
classique qui permettra de réduire les inégalités territoriales et sociales en
matière de santé. Pour autant, si les maisons de naissances sont moins
médicalisées, la sécurité restera une priorité : elles respecteront l’exigence
d’une organisation médicale structurée et seront adossées à une maternité, avec
laquelle elles passeront une convention.
J’ajoute que les sages-femmes sont en recherche de reconnaissance
de leur statut médical et militent depuis plusieurs années pour que l’exercice
de leur profession soit reconnu dans un cadre médical, à l’hôpital, mais aussi
comme praticien de premier recours. Ce débat doit s’ouvrir, en lien avec toutes
les autres professionnelles et tous les autres professionnels de santé. Les
sages-femmes ont une responsabilité pénale dans le cadre médical, elles
bénéficient aussi de l’une des plus longues formations en Europe et leur
installation est régulée, ce qui signifie qu’elles sont présentes partout sur
le territoire. Nous devons nous appuyer sur elles pour mettre en œuvre des
solutions de proximité dans le nord du lot.
LES URGENCES
Q5- Les urgences accessibles à plus de 30 mn,
comme sur la moitié de la 2ème circonscription du Lot, créent une mortalité
évitable contraire au droit égalitaire face aux soins. Quelles mesures
comptez-vous appuyer pour résoudre la question ?
Afin de réduire les temps d’attente aux urgences, je souhaite
tout d’abord qu’une réflexion soit ouverte sur le financement des urgences.
Aujourd’hui, le financement des hôpitaux dépend en partie du nombre de passages
aux urgences, ce qui ne les incite malheureusement pas à réorienter les
patientes et les patients légers vers des structures plus adaptées, telles que
les maisons médicales. Pourquoi ne pas imaginer le développement de
financements au forfait qui permettraient de mieux valoriser la
réorientation ? Je veux porter ce débat à l’Assemblée nationale.
Il faut également et surtout laisser une grande liberté
d’organisation aux professionnels et professionnels de santé pour créer les
structures les plus adaptées et soutenir le développement des maisons médicales
et les structures d’urgences pour les premiers soins.
Enfin, nous devons améliorer l’information et la pédagogie
sur le rôle et le fonctionnement des urgences et sur les possibilités alternatives
de prise en charge. Trop de patientes et de patients se rendent aux urgences
alors que leur état ne le justifie pas. Ils participent ainsi à un engorgement
des urgences, qui doivent traiter les cas les plus graves. Ils doivent être
mieux informés sur la possibilité qu’ils ont de solliciter le 15 ou SOS
médecins avant de se rendre à l’hôpital. Il faut aussi développer les centres
de consultations, qui leur permettront d’avoir un avis médical rapide si leur
état de santé s’est dégradé et de savoir s’ils doivent se rendre aux urgences.
LA COORDINATION MÉDICALE
Q6- Là où hier l’on mourait, aujourd’hui on
soigne de longues maladies chroniques qui exigent des interventions multiples
de professionnels de la santé à compétences complémentaires. Faut-il favoriser
les délégations de tâches, la mise en réseau des praticiens, la télémédecine,
et comment ?
Face au vieillissement de la
population et au développement des maladies chroniques, qui sont les immenses
défis que doit relever notre système de santé, il faut naturellement privilégier
ces orientations.
Les délégations de tâche
doivent être envisagées dans le cadre d’assises nationales de la santé,
auxquelles participeraient toutes les professionnelles et les professionnels de
santé. Ces délégations seraient décidées après les avoir consulté et non de manière
arbitraire. Elles doivent s’accompagner d’une simplification de l’organisation
territoriale des soins, qui passe par un état des lieux des besoins de santé
pour chaque territoire, la définition de projets médicaux communs au niveau de
chaque bassin de vie. Ce projet médical doit se construire autour d’une
exigence : faire en sorte que les frontières juridiques et administratives
s’effacent devant les intérêts des patientes et des patients.
De cette manière, nous pourrons
favoriser la mise en réseau des praticiens et des praticiennes, afin d’assurer
aux patientes et aux patients une prise en charge par la structure la plus
adaptée à son besoin médical, au bon moment. Pour cela, je souhaite accélérer
le développement des « parcours de soins », grâce à une meilleure
coordination entre médecine hospitalière, médecine libérale et structures
médico-sociales. Pour ce faire, je favoriserai également la mise en place
d’outils d’échange d’informations, en particulier le dossier médical partagé
facilitant et sécurisant cette coordination.
Enfin, je suis favorable à
un développement massif de la télémédecine, qui permet de maintenir un lien
entre les professionnelles et les professionnels de la santé et les malades, de
favoriser les diagnostics à distance et des prises en charge pluridisciplinaires.
Il faut par conséquent garantir une offre de téléconsultation sur tout le
territoire d’ici à la fin de la législature. Dans ce but, je veux permettre un
remboursement incitatif des actes de télémédecine par l’assurance maladie et je
formulerai cette proposition lors de l’examen de la première loi de financement
de sécurité sociale de ce quinquennat.
LES FRONTIÈRES ADMINISTRATIVES
Q7- Le nord de la 2ème circonscription est
situé en Occitanie mais sous l’influence de Brive-la-Gaillarde localisée en
Aquitaine. Que comptez-vous avancer comme mesures pour interconnecter les
territoires et favoriser la prise en charge des soins, des urgences et des
transports sanitaires inter-régionaux ?
Une fois encore, il est
essentiel que ce soit autour de la logique de bassins de vie et des besoins de
santé de ces bassins de vie que s’organise l’offre de soins. Il faut par
conséquent que l’ensemble des acteurs institutionnels et des acteurs de santé soient
mobilisé autour de cet objectif. En tant que député, facilitateur de projets et
animateur de territoire, mon rôle sera d’être un facilitateur dans ce dialogue,
afin que nous instaurions ensemble un échelon unique de coordination, que nous
facilitions les coopérations entre médecine hospitalière, médecine libérale et
structures médico-sociales.
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