jeudi 1 juin 2017

LÉGISLATIVES : PROPOSITIONS DE L'U.D.I. SUR LA SANTÉ




Deux associations interpellent les candidats aux législatives de la 2ème circonscription du Lot sur les réponses à apporter aux citoyens en matière de prise en charge de leur santé sur le territoire.

ANTOINE LOREDO ET JEANINE AUBRUN REPRÉSENTENT L’UDI SUR LA 2DE CIRCONSCRIPTION DU LOT. ILS NOUS ONT RÉPONDU.


L’ATTRACTIVITÉ MÉDICALE

Q1- Les villes de plus de 100 000 habitants offrent aux médecins un éventail de «possibles» tant au niveau professionnel que personnel. Des mesures existent pour inciter les généralistes à s’implanter sur les territoires sous dotés mais elles sont apparemment insuffisantes. De nouvelles dispositions seraient-elles nécessaires et lesquelles ?

L’aggravation des déserts médicaux est un mal qui frappe tout le territoire. Notre département et notre circonscription sont tout particulièrement concernés par cette problématique. Pour y remédier, il est indispensable de prendre des décisions permettant d’améliorer la répartition des professionnelles et professionnels de santé sur le territoire. Dans cette perspective, nous devons anticiper les effets du vieillissement de la population médicale. Nous devons également tenir compte de l’évolution des aspirations des jeunes professionnelles et professionnels de santé en termes de conditions de vie et de travail. Elle induit une diminution du temps médical alors que la demande de soins de la population et son niveau d’exigence augmentent.

Je souhaite en premier lieu porter une réforme des études de médecine, afin de mettre en place une gestion régionalisée. Dans ce cadre, la hausse globale du numerus clausus doit s’accompagner d’une meilleure prise en compte les besoins de santé de chaque territoire dans la fixation et la répartition du numerus clausus. Je veux par conséquent renforcer le caractère obligatoire de la prise en compte des besoins de santé dans la fixation du numerus clausus et réaffirmer, avec force contraignante, la nécessité que sa fixation et sa répartition contribuent pleinement à la résorption des inégalités en matière d’accès aux soins. Je veux également substituer aux épreuves classantes nationales, qui ont montré leurs limites, des épreuves classantes régionales. Elles seraient ouvertes uniquement aux étudiantes et aux étudiants ayant validé leur deuxième cycle d’études médicales dans la même région. Cette mesure favoriserait leur enracinement dans la région dans laquelle ils auront effectué l’ensemble de leurs études médicales. Enfin, j’estime que les études de médecine ne permettent pas suffisamment, sauf exception, aux étudiants de découvrir la pratique de la médecine de premier recours, ancrée dans des territoires. Je propose par conséquent d’instaurer, au cours de la troisième année du troisième cycle des études médicales, une obligation d’effectuer un stage pratique d’au moins douze mois dans une maison de santé pluridisciplinaire ou un établissement de santé implanté dans une zone frappée par la désertification médicale.

Cette réforme structurelle ne produirait d’effets qu’à long terme. Il est par conséquent essentiel qu’elle s’accompagne de mesures dont la portée serait immédiate. Je soutiendrai le développement des maisons de santé, en faisant en sorte que les aides financières et logistiques soient augmentées pour les territoires les plus en difficulté. Je suis en effet persuadé que les professionnelles et les professionnels de santé, et plus particulièrement les nouvelles générations, attendent de nouveaux modes d'organisation et d'exercice leur redonnant du temps médical, leur permettant plus de souplesse et d’efficacité, et leur apportant une réponse aux problèmes de structures, de moyens techniques et administratifs.

Les multiples tentatives des majorités successives pour instaurer des mécanismes de régulation susceptibles d’influer directement sur l’installation des professionnelles et des professionnels de santé ont produit des résultats insuffisants, qu’il s’agisse de dispositifs mis en place par l’État, par les collectivités territoriales ou par l’assurance-maladie. Il est impératif de refondre ces dispositifs de soutien pour améliorer leur efficacité. La priorité doit être donnée aux territoires et aux populations les plus fragiles, pour lesquels il pourrait être créé un service public permettant d’améliorer l’accès aux soins, avec l’implantation de médecins salariés par l’Etat. Il faut également favoriser les expérimentations autour des Nouveaux Modes de Rémunération, pour permettre aux médecins qui s’engagent contre les déserts médicaux d’être mieux rémunérés, ce que ne permet pas la rémunération à l’acte.

Enfin, le développement du Très Haut Débit et l’amélioration de la couverture numérique du territoire doivent permettre le développement de la télémédecine, qui permettra aux médecins généralistes de faire des diagnostics à distance et de s’appuyer sur l’expertise de médecins spécialistes.

LES SPÉCIALISTES

Q2- Le manque de spécialistes hospitaliers et libéraux est criant sur tout l’hexagone et encore plus sur un territoire comme le nôtre : ophtalmo, gynéco, dermato, psychiatre, rhumato, etc. Les distances à plus de 30 km et les délais de rv à plus de 3 mois se traduisent par un renoncement aux soins sur le nord du Lot. Quelles solutions prônez-vous pour améliorer significativement cette situation ?

Cette situation est proprement inacceptable car elle induit une inégalité grave entre les territoires et les populations. Le quinquennat qui vient de s’achever n’a malheureusement pas permis de prendre de mesures véritablement efficaces en la matière.

Pour réduire les délais d’attente et lutter ainsi contre le renoncement aux soins, il faut en premier lieu redonner du temps médical aux spécialistes et redonner la priorité aux soins, diminuer drastiquement leurs contraintes administratives. Il s’agit d’une demande claire de leur part.

Je souhaite également lutter contre l’éloignement et l’isolement et rapprocher les professionnelles et professionnels de santé de la population, en développant les maisons médicales et les structures d’urgences pour les premiers soins, et en facilitant la mobilité et la coopération entre spécialistes et entre structures.

A cet égard, je prônerai une coordination plus étroite entre tous les acteurs de la santé du territoire, dans laquelle la médecine libérale aura toute sa place. Elle participera ainsi à l’organisation de la prise en charge sur tout le territoire, en lien notamment avec l’hôpital et les Centres d'Action Sociale.

Enfin, comme je l’ai indiqué, il est indispensable de réformer profondément la formation et pour de l’adapter aux besoins des territoires pour lutter contre la pénurie de professionnelles et professionnels de santé.

LES PETITS HÔPITAUX

Q3- Nous sommes en territoire semi-rural doté de 3 hôpitaux de taille moyenne : Gourdon, St-Céré, Figeac. Les petits hôpitaux ont de grosses difficultés à fonctionner et à recruter. Que préconisez-vous pour assurer leur rôle au sein des territoires ?

Pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle, nos hôpitaux doivent inscrire leur action dans une action concertée avec l’ensemble des acteurs de santé du territoire.

La création des Groupements Hospitaliers de Territoires a constitué une avancée indéniable. Le Groupement Hospitalier de Territoire qui a été créé dans le Lot en 2016 doit, à terme, permettre un renforcement de la coopération entres les centres hospitaliers de Cahors, de Figeac, de Saint-Céré, de Gramat et de Gourdon. Je pense plus particulièrement à une mutualisation des systèmes d’information médicale, de la formation initiale ou de fonctions support telles que les achats, et des exigences communes en matière de qualité et de sécurité des soins.

Il faut maintenant préserver et amplifier ce mouvement en affinant la stratégie de prise en charge partagée et le projet médical commun. Je souhaite également que ces groupements s’ouvrent à l’ensemble des acteurs de santé du territoire, et plus particulièrement aux cliniques privées et aux professionnelles et professionnels libéraux, afin de faciliter ainsi la coopération au service des patientes et des patients.


LES MATERNITÉS

Q4- La surveillance et la sécurité des grossesses sur un territoire comme le nord du Lot pâtissent de la disparition des petites maternités et de l’absence de gynécologues-obstétriciens. Sur le sujet, proposez-vous un plan santé valorisant des solutions de proximité et lesquelles ?

Je souhaite que les maisons de naissance, dont l’expérimentation a été permise en 2013, soient multipliées sur le territoire. Ces maisons de naissance permettraient aux femmes dont la grossesse présente un faible niveau de risque d’accoucher dans un endroit à dimension humaine, dans lequel officient des sages-femmes. Il s’agit d’une alternative à l'hospitalisation classique qui permettra de réduire les inégalités territoriales et sociales en matière de santé. Pour autant, si les maisons de naissances sont moins médicalisées, la sécurité restera une priorité : elles respecteront l’exigence d’une organisation médicale structurée et seront adossées à une maternité, avec laquelle elles passeront une convention.

J’ajoute que les sages-femmes sont en recherche de reconnaissance de leur statut médical et militent depuis plusieurs années pour que l’exercice de leur profession soit reconnu dans un cadre médical, à l’hôpital, mais aussi comme praticien de premier recours. Ce débat doit s’ouvrir, en lien avec toutes les autres professionnelles et tous les autres professionnels de santé. Les sages-femmes ont une responsabilité pénale dans le cadre médical, elles bénéficient aussi de l’une des plus longues formations en Europe et leur installation est régulée, ce qui signifie qu’elles sont présentes partout sur le territoire. Nous devons nous appuyer sur elles pour mettre en œuvre des solutions de proximité dans le nord du lot.

LES URGENCES

Q5- Les urgences accessibles à plus de 30 mn, comme sur la moitié de la 2ème circonscription du Lot, créent une mortalité évitable contraire au droit égalitaire face aux soins. Quelles mesures comptez-vous appuyer pour résoudre la question ?

Afin de réduire les temps d’attente aux urgences, je souhaite tout d’abord qu’une réflexion soit ouverte sur le financement des urgences. Aujourd’hui, le financement des hôpitaux dépend en partie du nombre de passages aux urgences, ce qui ne les incite malheureusement pas à réorienter les patientes et les patients légers vers des structures plus adaptées, telles que les maisons médicales. Pourquoi ne pas imaginer le développement de financements au forfait qui permettraient de mieux valoriser la réorientation ? Je veux porter ce débat à l’Assemblée nationale.

Il faut également et surtout laisser une grande liberté d’organisation aux professionnels et professionnels de santé pour créer les structures les plus adaptées et soutenir le développement des maisons médicales et les structures d’urgences pour les premiers soins.

Enfin, nous devons améliorer l’information et la pédagogie sur le rôle et le fonctionnement des urgences et sur les possibilités alternatives de prise en charge. Trop de patientes et de patients se rendent aux urgences alors que leur état ne le justifie pas. Ils participent ainsi à un engorgement des urgences, qui doivent traiter les cas les plus graves. Ils doivent être mieux informés sur la possibilité qu’ils ont de solliciter le 15 ou SOS médecins avant de se rendre à l’hôpital. Il faut aussi développer les centres de consultations, qui leur permettront d’avoir un avis médical rapide si leur état de santé s’est dégradé et de savoir s’ils doivent se rendre aux urgences.


LA COORDINATION MÉDICALE

Q6- Là où hier l’on mourait, aujourd’hui on soigne de longues maladies chroniques qui exigent des interventions multiples de professionnels de la santé à compétences complémentaires. Faut-il favoriser les délégations de tâches, la mise en réseau des praticiens, la télémédecine, et comment ?

Face au vieillissement de la population et au développement des maladies chroniques, qui sont les immenses défis que doit relever notre système de santé, il faut naturellement privilégier ces orientations.

Les délégations de tâche doivent être envisagées dans le cadre d’assises nationales de la santé, auxquelles participeraient toutes les professionnelles et les professionnels de santé. Ces délégations seraient décidées après les avoir consulté et non de manière arbitraire. Elles doivent s’accompagner d’une simplification de l’organisation territoriale des soins, qui passe par un état des lieux des besoins de santé pour chaque territoire, la définition de projets médicaux communs au niveau de chaque bassin de vie. Ce projet médical doit se construire autour d’une exigence : faire en sorte que les frontières juridiques et administratives s’effacent devant les intérêts des patientes et des patients. 

De cette manière, nous pourrons favoriser la mise en réseau des praticiens et des praticiennes, afin d’assurer aux patientes et aux patients une prise en charge par la structure la plus adaptée à son besoin médical, au bon moment. Pour cela, je souhaite accélérer le développement des « parcours de soins », grâce à une meilleure coordination entre médecine hospitalière, médecine libérale et structures médico-sociales. Pour ce faire, je favoriserai également la mise en place d’outils d’échange d’informations, en particulier le dossier médical partagé facilitant et sécurisant cette coordination.

Enfin, je suis favorable à un développement massif de la télémédecine, qui permet de maintenir un lien entre les professionnelles et les professionnels de la santé et les malades, de favoriser les diagnostics à distance et des prises en charge pluridisciplinaires. Il faut par conséquent garantir une offre de téléconsultation sur tout le territoire d’ici à la fin de la législature. Dans ce but, je veux permettre un remboursement incitatif des actes de télémédecine par l’assurance maladie et je formulerai cette proposition lors de l’examen de la première loi de financement de sécurité sociale de ce quinquennat.

LES FRONTIÈRES ADMINISTRATIVES

Q7- Le nord de la 2ème circonscription est situé en Occitanie mais sous l’influence de Brive-la-Gaillarde localisée en Aquitaine. Que comptez-vous avancer comme mesures pour interconnecter les territoires et favoriser la prise en charge des soins, des urgences et des transports sanitaires inter-régionaux ?


Une fois encore, il est essentiel que ce soit autour de la logique de bassins de vie et des besoins de santé de ces bassins de vie que s’organise l’offre de soins. Il faut par conséquent que l’ensemble des acteurs institutionnels et des acteurs de santé soient mobilisé autour de cet objectif. En tant que député, facilitateur de projets et animateur de territoire, mon rôle sera d’être un facilitateur dans ce dialogue, afin que nous instaurions ensemble un échelon unique de coordination, que nous facilitions les coopérations entre médecine hospitalière, médecine libérale et structures médico-sociales.

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